Pascale Charrier-Royer
« Le seul véritable voyage, ce ne serait pas d'aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux. »
Marcel Proust
Seule devant la toile, je suis à l'écoute de ce qui vient du plus profond de moi et me laisse embarquer dans cet espoir de surprise et de liberté que décrivait Mark Rotko « Un tableau doit être une révélation inattendue et sans précédent d'un besoin éternellement familier. »
C'est ce que j'aime.
Chercher en puisant dans la couleur et la matière, en frottant, effaçant, et en recommençant. Et puis brusquement l'impression que « je le tiens », qu'il y a bien une « révélation » et que ça semble si simple finalement.
Le pouvoir évocateur des couleurs et des matières fournit le matériau de base à mon travail artistique. Tout est inspiration, la beauté comme la mélancolie. Lorsque je peins, je m'abandonne dans l'instant et le mouvement pictural. J'essaie de laisser place à la plus entière liberté d'expression, me laissant guider par les couleurs.
Je veux que mes tableaux soient une fraction de la Nature et de la Vie qui se brisent et naissent en moi.
Imaginons une chanson, dont le texte ne comporterait qu'un seul mot. Un mot changeant à l'infini, visible et secret, lucide et rêveur.
La réalité d'où je pars ne peut se nier, mais elle est perçue dans l'éclair qui l'affirme aussi comme une recherche de soi-même par l'art.
Le thème -le sujet- d'abord fortement présent, s'estompe et disparaît comme un refrain murmuré à l'horizon de la mémoire...