Dominique Virgili-Walch
Après une vie professionnelle bien remplie qui l’a amenée à exercer plusieurs missions à l’étranger, Dominique Virgili-Walch s’est tournée vers la peinture en 2004. Ce n’était pas un choix fortuit : son grand-père maternel, ancien séminariste, lui avait fait découvrir assez tôt les grands peintres et sculpteurs. Et dans son proche entourage, un amateur d’art l’aida, dès ses débuts, à se révéler et à se perfectionner. C’est ainsi qu’elle gagna en confiance et développa une palette d’une grande vivacité chromatique.
Parmi les divers genres picturaux qu’elle a abordés, le portrait est certainement celui dans lequel elle s’est le plus investie. A travers lui, c’est le face à face avec la part la plus mystérieuse des êtres qu’elle cherche à découvrir et exprimer. Le déclic peut ainsi venir d’un visage croisé dans la rue ou d’une photographie. Mais c’est aussi le moyen pour elle de rendre un hommage à une personnalité admirée. Parmi celles-ci, il y a le jazzman Joey Zawinul (prématurément disparu). Nul besoin de regarder longtemps ce moyen-format pour être touché par l’expressivité qui se dégage de ce visage nerveux et tendu. Mais si l’on observe attentivement les bandes colorées de son bonnet, on mesurera le sens du détail dont Dominique Virgili-Walch est capable.
Cette finesse d’exécution se retrouve dans le portrait de la chanteuse Barbara, petit format aux tons bleu-sombre, ce qui donne l’impression d’un visage sortant de la nuit. Le trait rouge sous l’œil droit ajoute encore au caractère tourmenté de la chanteuse. C’est cette touche expressionniste qui est la marque la plus sûre du style de Dominique Virgili-Walch, même si on peut trouver dans sa production des approches plus classiques : comme cette délicate Renarde qui, entre vert et roux, n’est pas sans évoquer La Dame à l’hermine de Léonard de Vinci.
Cependant, son sens de la couleur atteint son acmé dans la série consacrée aux femmes africaines. Rouges en majesté à peine rehaussés de bleu dans la mangeuse d’oursins ; contrastes multiples (rouge-vert, blanc-noir) dans Madame qui subsume le dessin du personnage central sous les masses chromatiques. Elle retombe un peu dans des scènes inspirées par le rêve et le fantastique, plus propices à des ambiances plus froides. Comme cet ibis blanc qui semble veiller sur le personnage endormi. Ou Lascive, avec son visage féminin alangui, les lèvres entrouvertes après la crue du plaisir.
La sculpture est aussi un art qui l’interpelle, même si elle s’en tient, pour le moment, à de petites compositions en argile. Outre les masques africains qu’elle revisite, les corps morcelés ou ailés qu’elle façonne sont traversés par un réel dynamisme.
Six expositions personnelles jalonnent le parcours pictural de Dominique Virgili-Walch depuis 2016. Ainsi prend forme, peu à peu, une œuvre forte et discrète à la fois ; une œuvre qui séduira sûrement ceux pour qui la peinture est une exaltation de la vie.
Jacques Lucchesi