Marc Feld
Pour Marc Feld, la peinture n’est pas une technique (ou si peu), mais un surgissement – le lieu d’une présence tremblée, le lieu sans lieu, de la rencontre avec les grands morts. Un surgissement vertigineux, inépuisable.
La peinture est un surgissement inexplicable, sauf par elle-même. « Le peintre est un aveugle qui voit », disait Bram van Velde. Ici, tout le corps voit – précisément ce que les autres ne voient pas. Les êtres et les choses en leur centre d’inquiétude.
Qu’il célèbre la pulsation d’Elvin Jones par des « consumations », ou refasse et défasse, dans une recherche continue d’intensité, le « bœuf écorché » de Rembrandt et de Soutine, Marc Feld se re-connaît dans la peinture. Il se re-connaît dans ce qu’il n’a pas voulu. Ou voulu tant et si fort qu’il n’en savait rien. Jusqu’à s’abandonner.
S’il ne peint pas, il n’est pas lui-même. Tout simplement – et splendidement. La peinture ? Une naissance sans fin de l’impossible. « Le reste ? Je n’ai pas de talent pour ça », répondait Van Gogh.
Zéno Bianu