Christine Giboni
Christine a toujours vécu à Paris, ville qu’elle adore. Depuis une dizaine d’années, elle élabore son écriture artistique dans la lignée de l’art urbain en jetant des passerelles entre des approches plurielles : l’affiche et le graphisme avec la typographie et les jeux de lettres d’une part ; la matière et la couleur d’autre part. Mélangeant collage et peinture, elle ne veut pas s’enfermer dans une technique et ici l’un ne va pas sans l’autre : question de rythme, de composition. On imagine un air de jazz pour accompagner ses toiles. On perçoit en regardant ses lettres danser ou ruisseler sur la toile au milieu de belles plages de silences de couleur pourquoi elle aime des artistes aussi différents que Basquiat, Villéglé, Nicolas de Staël ou Zao Wou-ki. La lettre est le personnage principal habitant la ville ; les mots ne sont que des satellites ou des cadavres exquis. Christine Giboni aime la typographie, jouer avec le corps des caractères, estomper les lettres jusqu’à les faire (presque) disparaître ou les gratter jusqu’au sang quand le rouge embrase la ville. Elle se situe dans une forme de lettrisme détourné où l’esthétique prend le pas sur le concept. Ses bandes de mots ou plutôt ses mots en bande s’apparentent subtilement aux tours des grandes métropoles. Ses compositions alternent accumulations et vide, le blanc habitant avec plénitude l’espace urbain pavé de belles lettres.
Brigitte Camus