Isabelle Garderet

Je suis peintre depuis trente ans, et si je peux dire quelque chose sur moi, je dirais que je suis avant tout dessinatrice et puis peintre. Le dessin est une activité essentielle et permanente de ma vie, on peut dire c'est intellectuel, c'est cérébral, c'est sensualiste, c'est visuel, en tout cas, c'est du dessin. En dessinant, je transforme. j'ai fait beaucoup de peintures abstraites dans la lignée de la peinture gestuelle quand j'étais jeune, des peintures de grand format, j'ai réalisé des peintures sur la sexualité féminine et masculine et ses risques dans notre société, c'est ce que je voulais exprimer, mais quand j'interroge les gens sur cette peinture, il me parle de fleurs, de joie, de parfums. Depuis dix ans, j'ai donné une orientation plus figurative à ma peinture, en lien avec ma vie familiale et mes souvenirs d'enfance.

J'ai été très influencée par la peinture de Joan Mitchell, Adrian Berg, je m'intéresse aux écrits de Paul Ardenne, Yves Simon, Paul Bowles, Le Clézio, André Gide, Gilles Sebhan, Alexandre Lacroix, Elena Ferrante, Antoine de Saint Exupéry, et j'ai une très grande attirance pour les livres jeunesse dans leurs relations avec les enfants, les questions que ces livres posent aux enfants et les paroles et les dessins que ces livres provoquent chez eux. J'ai une approche littéraire de la peinture et de la sculpture, littéraire et romanesque. Je suis sensible aux mélodies de Stevie NIcks du groupe Fleetwood Mac.

L'humain, le végétal et l'animal sont au cœur de mon œuvre. Ils s'interpénètrent en de magnifiques métamorphoses et participent au ré enchantement du monde. Le jardin est un paradis terrestre où tout se créé, se renouvelle et se perpétue.

La couleur est très importante dans ma peinture. Le dessin se déploie sur la surface dans un ravissement coloré. Il y a toujours quelque chose de nouveau dans le dessin qui peut apparaître comme une révélation, une solution ou au contraire une énigme. 

Ce qui m'importe dans le travail pictural, ce sont les transformations et les mouvements qui s'opèrent dans le processus du dessin et de la couleur.

Les lignes et les couleurs dansent sur la surface faisant ressurgir la mémoire du passé.

La Nature est un élément très important de ma peinture, elle vient comme pour vivifier les personnages de l'intérieur, je crois que mes tableaux présentent les jardins perdus de mon enfant ce que je cherche à retrouver en peignant. C'est comme si la mémoire était à l'œuvre en permanence dans le processus pictural. Je peins en quelque sorte les choses et les gens dont je me souviens, ou les choses que je vois et que je vis et qui entrent en résonance avec ce que j'ai vécu, c'est un va et vient permanent entre le présent, le passé et le futur. 

Dans la peinture, "Le Jardin", les personnages figurent des portraits de personnes qui fréquentaient notre jardin et venaient prendre le thé, le dimanche. En peignant, je retrouve ce passé qui vit en moi un peu à la manière du temps retrouvé de Marcel Proust.